Jean Baptiste Rolland : explorateur
« Témoin Jean Baptiste Rolland 53 ans, explorateur, chevalier de la Légion d’Honneur « (qui signe JB Rolland de Kessang) , c’est ainsi que je l’ai rencontré au mariage de la sœur de ma grand-mère le 17 octobre 1891. Les autres témoins sont des membres de deux familles.
Mais que venait donc faire un explorateur au mariage de deux enfants d’artisans marseillais ?
Je me suis posé la question pendant des années jusqu’à ce jour de l'année 2020 où j’ai décidé que je ne pouvais pas rester sur une énigme !
Lorsque j’ai commencé mes recherches, trouver des informations sur lui ne fut pas aisé, c’est surtout sa tombe au cimetière Saint Pierre, ornée de sculptures végétales et animales exotiques qui apparaît car classée parmi les monuments remarquables.
Jean Baptiste Rolland naît à Marseille le 23 août 1841. Son père, originaire de Saint Geniès de Comolas dans le Gard et sa mère née à Seillans dans le Var, se sont mariés à Marseille le 29 novembre 1832.
Le 29 octobre 1862 il épouse Appolonie Celina Parraud à Caumont sur Durance. Séparés en 1894 leur divorce sera prononcé à Avignon le 30 novembre 1899.
Sur son acte de mariage la profession indiquée est « tonnelier « fils d’un tonnelier et …mon arrière-grand-père Vincent Baptistin Blanc (le père de la mariée de1891) de 3 ans plus âgé que lui est : tonnelier.
Un bon début d’explication ! Hélas, dans tous les actes le concernant que j’ai pu consulter son adresse exacte n’est jamais précisée, j’imagine volontiers que, dans sa jeunesse, il a dû habiter ou travailler dans le même quartier que mon tonnelier père de la mariée.
Simple ouvrier, autodidacte, il étudie l’ornithologie et la taxidermie notamment d’oiseaux tropicaux et devient un habile naturaliste.
Ayant économisé sou par sou il s’embarque pour Singapour en 1875 puis s’installe à Kessang dans l’état côtier de Malacca un pays que nul européen n’a encore pénétré. Il y restera 8 ans, explorant la forêt pour y trouver des bois et surtout des dépouilles d’animaux, fondant un établissement qui expédie dans les grandes capitales les oiseaux dont les plumes vont orner les chapeaux des élégantes.
Cette industrie lui vaut médailles et diplômes aux expositions universelles de Melbourne et Sydney ainsi qu’à Marseille.
Il reçoit les Palmes académiques, est promu Officier de l’Instruction publique en 1881, et chevalier de la Légion d’honneur. Ses décorations sont étalées dans l’Indicateur marseillais de 1899.
Il laisse son entreprise à un associé lorsque le gouvernement français lui confie une mission à Madagascar et part le 7 avril 1886 en compagnie du résident général de France, débarque à Tamatave le 1er mai puis se rend à Tananarive où il rencontre le premier ministre et époux de la reine.
Après plusieurs incursions à l’intérieur du pays, employées à de nombreuses préparations ornithologiques ainsi qu’à l’étude du pays et des mœurs des habitants, fatigué par les fièvres et les privations, il part pour la Réunion où il s’embarque sur le courrier « L’Australie « à destination de Marseille.
Il en rapporte des notes sur la faune et la flore, la colonisation et l’agriculture, les mines, le rôle de la France, les industries, le commerce et comment développer les relations commerciales entre Madagascar et la France.
Un extrait de sa relation de voyage « Madagascar à vol d’oiseau « est publié dans dans Le Progrès illustré
http://collections.bm-lyon.fr/PER0013699/PAGE4_PDF
A son retour il prend le nom de Jean Baptiste Rolland de Kessang et entre à la rédaction du journal L’expansion coloniale.
En décembre 1895 il est nommé consul du Costa Rica à Marseille.
Il décède à Marseille le 27 octobre 1907. Un monument inauguré le 29 novembre 1909 lui est élevé au cimetière Saint Pierre .
Il a contribué à la connaissance zoologique en enrichissant les collections d’oiseaux tropicaux du Museum d’Histoire naturelle de Paris avec de nombreuses espèces rapportées de Malaisie, il fournit également les musées de Lyon, Marseille, Lausanne, La Chaux de Fonds, Copenhague, South Kensington à Londres.
Journal l’Impartial de La Chaux de Fond 3 décembre 1884
Sources :
Les droits de la France à Madagascar
Voyageurs et explorateurs provençaux
Gazette des Beaux arts – Le Progrès illustré – l’Impartial de La Chaux de Fond
Marie Louise BICAIS 25 août 2020