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Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Le sel en Provence

De tous temps le sel a été une denrée importante, utilisé pour l’alimentation humaine et animale, comme monnaie d’échanges (les soldats romains étaient payés en sel, c’était le salarium), en pharmacie pour ses vertus cicatrisantes, en tannerie pour ses qualités asséchantes, dans la fabrication de céramiques et des émaux, intégré dans la fabrication de produits tels que le savon.

Il a souvent fait l’objet d’un monopole, était source de revenus pour l’ Etat (la gabelle).

C’est pourquoi dans les temps anciens on trouvait de nombreux lieux d’exploitation le long des côtes de Provence qui ont l’avantage d’un fort ensoleillement.

Cette exploitation sur nos côtes a commencé au VIe siècle avec les Grecs, Marseille possédait des réserves de sel entre les quais du Lacydon et l’opéra.

 

Les salins d’Hyères

ont été exploités du IVe siècle jusqu’en 1995 sur deux sites, les anciens salins de Saint Nicolas composés de plusieurs petites exploitations réunies en une seule unité de production au XIXe siècle et renommés Vieux salins pour les démarquer du nouveau Salin des Pesquiers à l’intérieur du double tombolo de la presqu’île de Giens dont l’activité a commencé en 1848. Les deux représentent une superficie totale de 900 hectares.

Ils envoyaient leur production par voie maritime vers l’Italie (Gênes et Pise) et vers les ports voisins situés à l’ Est, Fréjus, Cannes, Antibes et Nice d’où elle était envoyée vers l’arrière- pays à dos de mulet.

 

1 Salins d'Hyères Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

 

L’étang de Berre

véritable mer intérieure, proche de l’oppidum de Saint Blaise, florissant au IV et Ve siècle, la Durance qui jadis était un fleuve se jetant dans l’étang, et la ville de Marseille proche, comment ne pas exploiter et commercialiser cette richesse naturelle qu’était l’or blanc.

C’est ainsi que se sont développés plusieurs sites sur l’étang de Berre et les petits étangs satellites de Lavalduc, Rassuens et Citis.

 

2 Salins de Berre Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

 

Au XVIIe siècle, l’un des 5 greniers à sel de Provence se trouvait à Berre.

 

3 Salins étang de Berre Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

                                                                  Les salins autour de l'étang de Berre

Lorsqu’on prend la route de Marseille à Arles, on longe l’ancien salin de Fos.

 

4 Salin de Fos Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

                                                                                  Le salin de Fos

La Camargue

s’il est une zone humide propice à l’exploitation du sel c’est bien la Camargue lovée entre les deux bras du Rhône, autour de l’étang de Vaccarès.

L’exploitation du sel y remonte au Moyen âge comme en témoigne l’installation des abbayes d’Ulmet, de Sylveréal et de Psalmody qui sont des abbayes du sel, mais c’est à la fin du XIXème siècle que la production prend une dimension industrielle.

 

Salin de Giraud

situé dans la partie sud-est de la Camargue, le Salin-de-Giraud, le long du grand Rhône, fait partie de la commune d'Arles (la plus grande commune de France métropolitaine en superficie car elle englobe le territoire de la Camargue).
En 1855
Henri Merle, ingénieur chimiste Lyonnais, achète 8000 hectares d’étangs et de marais pour fournir en sel son usine de soude de Salindres près d’Alès dans le Gard. Cette entreprise sera reprise par Péchiney et finira par être absorbée par les Salins du Midi.
En 1895,
la société du chimiste belge Solvay s’y installe à son tour.

Le sel acheté aux établissements Merle permet lafabrication de la soude qui est transportée aux savonneries de Marseille par bateau via le Rhône puis la mer.

 

5 Salin de Giraud Pechiney Solvay Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

 

La main d’œuvre est tout d’abord locale, venant du Gard et de Lozère puis, lorsque survient la « grande guerre « on fait appel à des Italiens, Russes, Arméniens, Grecs pour compenser les départs pour le front, des Espagnols et de Maghrébins s’ajouteront lors de la seconde guerre. C’est à cette occasion que se développe le village de Salins de Giraud, une cité ouvrière dont l’aspect est surprenant : le quartier Solvay est construit sur le principe des phalanstères du Nord organisant la vie en communauté, une architecture industrielle, des blocs de maisons contiguës, des rues rectilignes, elle n’affiche aucun caractère provençal. Le quartier Péchiney est moins structuré et de style un peu plus local. Les deux quartiers sont séparés par la ligne de chemin de fer construite en 1892.

 

6 Salin de Giraud cité Solvay Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

 

Aigues Mortes

à l’ouest de la Camargue. A l’époque romaine déjà le sel est exploité à Aigues Mortes où l’ingénieur Peccius est chargé d’organiser la production. Le marais du Peccais lui doit son nom.

Au Moyen âge la région est sous la domination de l’abbaye de Psalmody l’une des abbayes du sel, située à Saint Laurent d’Aigouze.

Saint Louis qui souhaite un accès à la mer obtient par échanges la ville et les terres alentour et exempte les habitants de la gabelle, ils sont autorisés à prendre le sel sans contrainte.

Le Grau Henri (pour Henri IV)* relie Aigues Mortes à la mer

- 1806, grâce au nouveau canal du Rhône à Sète, Aigues Mortes devient un port fluvial et peut développer son commerce.

 

7 Aigues mortes Peccais Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

 

- 1856 des propriétaires sauniers s’associent à un négociant Montpelliérain pour former la société Renouard et Cie qui devient en 1866 la Société des Salins du Midi dont le siège est à Montpellier.

- Été 1893 les Salins du midi lancent une campagne de recrutement d’ouvriers sauniers recrutés parmi des paysans de l’arrière pays venus pour la saison, des Italiens originaires du nord de l’Italie et, pour compléter, des vagabonds.

Des rixes surviennent entre les 3 communautés, dégénèrent en émeutes auxquelles se joignent des habitants d’Aigues Mortes, des Italiens des salins de Peccais sont assaillis, on dénombrera 7 morts et une cinquantaine de blessés parmi eux.

Le salin d’Aigues Mortes s’étend sur 8.000 hectares

 

Le cycle du sel de mer

au début du Printemps les sauniers mettent les bassins en eau grâce à des canaux reliés à la mer.

De mars à août ils favorisent la circulation de l’eau entre les bassins pour augmenter la concentration en sel. Puis l’eau s’évapore sous l’effet du soleil et du vent, la salinité croissante favorise le développement d’une micro algue qui donne cette couleur rose aux bassins, algue consommée par les crevettes, elles mêmes mangées par les flamants qui prennent la couleur flamboyante qu’on leur connaît.

Ce qui reste d’eau est une saumure très saturée qui est orientée vers des « cristallisoirs « où l’évaporation continue. Après plusieurs mois de cristallisation une épaisse couche de sel se forme que l’on nomme « gâteau de sel «. C’est cette couche qui est maintenant récoltée mécaniquement et commercialisé comme sel gros ou sel fin.

La « fleur de sel « quant à elle, est la fine couche qui se forme en été à la surface de l’eau et qui est ramassée manuellement, à l’aube, par les sauniers.

 

8 Salin de Giraud Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

 

 

Les sources d’eau salée des Basses Alpes

pendant l’ère du Trias la région était recouverte de lagunes et soumise à un climat tropical.L’évaporation a laissé des masses de roches sédimentaires appelées « évaporites « composées de différents types de sels dont le sel gemme ou chlorure de sodium.

D’autres couches ont recouvert ces évaporites puis celles-ci sont remontées avec les mouvements techtoniques de la formation des Alpes. Des couches sont restées à une certaine profondeur où subsistent des poches d’eau salée que l’on a trouvées dans des puits à Castellet lès Sausses, Lambert-Ainac, Tartonne et Moriez, une source a également été décelée à Castellane

 

9 Sources salées 04 Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

 

Les habitants avaient l’autorisation du Roi de les utiliser par des fontaines salées. L’utilisation était contrôlée, ainsi le puits de Tartonne «était fermé par 2 serrures dont les clefs sont, l’une entre les mains des Consuls du lieu, l’autre à un employé des Fermes du Roy qui est préposé pour cela « (Claude François Achard 1751-1809)

Honoré Bouche « Chorographie de la Provence « 1664 explique que la source de Moriez (découverte en 1636) est plus salée que celle de Tartonne «plus salée, d’autant que d’une même quantité d’eau il se fait plus de sel par le feu, de sel de Moriez que de sel de Tartonne: voir ils sont faits encore sans feu, car si l’on vient à verser une petite quantité de cette eau sur un drap ou sur une table, tout à l’heure cette eau se congèle et se convertit en sel beaucoup plus salé que le sel de la mer… «

10 Tableaux comparatifs Realisation_du_01-11-20 pour Provenceetmoi

Dès 1806 l’État, qui n’a pas le monopole mais veut contrôler les lieux de production en vue d’une perception efficace de l’impôt sur le sel, voit s’élever la contestation contre cette taxation, c’est ainsi qu’en 1833, à Castellet lès Sausses où la Régie des droits réunis avait fait fermer la source en la faisant submerger par les eaux du Var, les habitants détournent cette dérivation vers le canal du Moulin d’Enviès.

Ces sources salées étaient utilisées pour économiser les frais d’achat du sel et servaient essentiellement (officiellement) pour le bétail mais un membre du Conseil d’arrondissement de Digne signale qu’à cause de leur pauvreté les habitants d’Ainac et des communes voisines se servent de l’eau salée pour les soupes et le pain.

Par la loi du 17 juin 1840 la gestion de l’eau salée est en partie confiée aux communes dans d’autres communes l’État afferme la source.

L’arrivée du chemin de fer et la modernisation du réseau routier ont conduit à l’abandon de ces sources.

 

11 Puits de Moriez Realisation_du_02-11-20 pour Provenceetmoi

 

Sources: Inrap – Travail de fin d’études Ecole d’architecture Marseille Luminy – Luc Bazin : Fontaines salantes de Haute Provence 1991

Photos merci @ desroulettessouslespieds – camping Crin blanc – La Provence

 

* Le grau Henri connu de nos jours sous le nom de Grau du roi (grau = passage).

12 Grenier à sel Realisation_du_02-11-20 pour Provenceetmoi

                                                       Le  grenier à sel - Anonyme - Musée national des douanes

 

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