Canalblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Malmousque

 

Malmousque

 

Les plus fameuses calanques se trouvent entre Marseille et Cassis toutefois, du Nord au Sud de Marseille la côte est ponctuée de ces petites échancrures. On oublie même,tant il est urbanisé, que le Vieux Port est une calanque.

Malmousque est l'une d'entre elles, toujours pittoresque. Jadis un simple port de pêcheurs possédant tous leur cabanon, petit abri rustique pour entreposer le matériel de pêche ou se retrouver entre amis , on y accédait en dévalant une butte caillouteuse, sans chemin aménagé.

Le nom de Lumine Mousqua se rencontre dans un acte du 6 mars 1681 . Lumen, lumière, il rappelle les anciens feux établis tout au long de la côte, feux de veille, près du port de Doume (d'où En Doume). Un autre acte du 10 août 1610 indique " chemin de Mélamousque ". On lit aussi Maremousque sur certaines cartes.

 

Malmousque la calanque jpg

 

En 1857 la calanque est à l'état sauvage, la mer, les bateaux, le rivage, quelques cabanons peut être. Le terrain, très en pente, monte jusqu'à l'actuelle Corniche puis continue de monter jusqu'au plateau d'Endoume mais pas de rues, celles ci viendront plus tard avec un début d'urbanisation.

 

Jacques et Jules Realisation_du_15-10-23 Provenceetmoi

                                Jacques et Joseph sur le quai de la calanque en 1905. Photo sous Copyright

 

Pour nommer ces rues, on fera simple :

- les 2 rues qui mènent à la calanque ont été nommées, l'une rue Malmousque, l'autre, tout simplement rue " va à la calanque ".

- rue de la douane : s'y trouvait un poste de douane. Le chanteur lyrique renommé Auguste Acanthe Boudouresque né en 1835 dans l'Aveyron, y possédait une villa  et y mourut en 1905. En 1891 la famille Boudouresque figure sur le recensement du secteur  Batterie de Malmousque, la maison est nommée " Villa Boudouresque "    Après le décès du chanteur en 1905 la maison est toujours occupée par Madame veuve A. Boudouresque et son fils Marcel, on y trouve également un monsieur G. Guy commissaire-priseur à partir de 1905. En 1913 le numéro 10 est devenu le  numéro 16 et la maison est nommée Villa Meyerber, seul monsieur Guy commissaire-priseur y réside.  A l'arrière du  terrain sur lequel est construite cette grosse batisse passe un chemin sans nom conduisant à la calanque des cuivres. La façade vue depuis ce chemin est ornée d'un bas relief représentant une  lyre entourée de lauriers.

 

Villa Boudouresque Realisation_du_17-01-23 pour provenceetmoi

 

- chemin de la batterie des lions : une batterie y avait été installée en 1757

- traverse de la batterie de Malmousque : une batterie y était aussi installée

- chemin du Génie avec la caserne du Génie, qui va vers ce qu'on appelle toujours " les bains militaires ",  la Légion étrangère y a un centre de repos.

- impasse Capricieuse supposée tenir ce  nom d'un restaurant installé au bout de cette impasse,  en bord de mer où l'on donnait aussi le " baletti " du 14 juillet. Oui la Capricieuse a bien existé, oui c'était à Malmousque,  mais ce n'était pas là, c'était  dans l'anse des cuivres au dessous des actuels bâtiments de la Légion étrangère ainsi que le dit sa publicité, alors que l'impasse Capricieuse se trouve sur l'autre versant de Malmousque !

 

Malmousque la Capricieuse Realisation_du_03-05-20 pour Canalblog

 

- impasse Bobillier et impasse Assani : noms d'un armateur et d'un agent maritime qui y avaient leurs maisons.

Assani, dans son testament du 3 août 1915, léguait  à la ville de Marseille 250.000 francs dont les revenus annuels devaient aider chaque année et à perpétuité, 2 jeunes filles, enfants de veuves, pauvres, vertueuses et dignes. Celà valait bien l'attribution d'une rue à son nom !

- rue des 4 vents : la bien nommée

- rue et traverse Montplaisir (probablement du nom d'une maison)

- rue du grand balcon, il y avait simplement une maison avec un grand balcon

- rue des pêcheurs (c'est tout simple)

- rue des ports du Sud : parce qu’une extension des ports avait été étudiée, devant s’étendre des Catalans jusqu’au Vallon de l’Oriol.

- rue Boudouresque : en hommage à Auguste Acanthe Boudouresque chanteur d'opéra renommé, né en 1835 dans l'Aveyron, qui avait sa maison à Malmousque (voir rue de la Douane) et y mourut en 1905

https://www.artlyriquefr.fr

 

Boudouresque villa Meyerbeer Realisation_du_22-01-23 pour provenceetmoi

 

Le rocher des pendus

 

Au bout de la calanque se trouve un ilot dit " rocher des pendus ".
Alphone V d'Aragon, en guerre contre Louis III comte de Provence, pour se venger des alliés de Louis, a mis à sac et incendié la ville de Marseille pendant 3 jours, faisant pendre 12 de ses notables sur cet ilot.
  Ça s'est passé du 20 au 23 novembre 1423.

La controverse : certains, dont notre transmission orale familiale, situent l'ilot des pendus devant Malmousque, d'autres le placent aux îles d'Endoume, devant Maldormé.

Selon les cartographes (j'ai étudié des plans du XVIIe au XXe siècle), selon les historiens, selon la transmission familiale chez les marseillais, c’est l’un ou l’autre îlot !
Aucun élément probant pour étayer l'une ou l'autre version. Le lieu ayant été choisi pour que ces pendus soient bien visibles des Marseillais on peut  privilégier Malmousque. Mais si l'on se réfère à la légende disant que les suppliciés ont mal dormi pendant leur dernière nuit, ce qui aurait donné son nom à l'anse de Maldormé, on privilégiera les îles d'Endoume voisines pour être le " rocher des pendus "

La carte de Jacques Nicolas Bellin en 1764  place " L'isle de Pendu ou de Daume " devant la " Calanque de Mandormir " (Mandormir pour " m'endormir "  ou bien  une mauvaise transcription de " mau dourmi " signifiant mal dormi, qui le sait ?)

Que ce soit l'un ou l'autre j'aimerais savoir comment, avec les moyens du XVe siècle, on a réussi à planter des potences dans du rocher !

Article complémentaire    Le rocher des pendus

 

Rochers des pendus png

 

Le Pavillon de la  Reine Jeanne

 

Belle maison qui n’a pas toujours porté ce nom, située  Chemin de la Batterie – qui devient  Chemin du Génie en 1911, elle domine l'entrée de la calanque. Le terrain a été acquis le 5 Mars 1885 de la Société de bienfaisance des portefaix de Marseille par Jean Pierre Costa, architecte expert domicilié Cours Pierre Puget. La construction de la maison dure quelques années, Jean Pierre Costa y apparaît comme résident en 1908 avec sa fille Marie Jeanne veuve l’année précédente d’Ernest Meynadier, négociant. - la maison se nomme Pavillon Saint Louis. Les années suivantes la maison est occupée par Marie Jeanne Costa et ses 2 filles Simone et Denise Meynadier après le décès de Jean Pierre Costa survenu le 9 mars 1909. La succession échoit à Marie Jeanne Costa, sa fille unique ainsi qu'en attestent un acte de notoriété du 7 avril 1896 aux minutes de Maitre Decormis notaire suivant le décès de Marie Jeanne Salle, et un second acte de notoriété du 22 mars 1909 aux minutes de Maître Bard notaire après le décès de Jean Pierre Costa.

En 1911, 1912 et 1913 ce Pavillon Saint Louis apparaît sur l'Indicateur Marseillais sous le nom de Fouyer, un chirurgien dentiste Gardois qui, après être passé par Paris, s’est installé à Marseille, il n’est autre que le second mari de Marie Jeanne Costa (Mariage à Marseille le 18 avril 1911).

Dès 1913, dans certains documents, Marie Jeanne Costa et son mari Joseph Fouyer sont dits domiciliés 156 rue Paradis tout en trouvant aussi le nom de Fouyer au n° 6 chemin du Génie.

(En 1917 d'après le journal " Tout Marseille annuaire de la société Marseillaise " ils sont toujours rue Paradis).

En 1936 Marie Jeanne Costa réside à Uzès chez sa fille Simone.

Toujours sur l'Indicateur Marseillais, en 1914 la maison est dite occupée par E. Garnier. Ernestine Garnier née en Ardèche en 1871, s’est mariée en 1899 à Cavaillon où elle avait repris la filature de soie Guende. Elle a divorcé en 1906, la filature de Cavaillon a fermé en 1908, Ernestine s’est installée ensuite à Marseille où elle a dirigé la filature de soie Garnier Traverse Olive à la Capelette, tout en étant domiciliée Chemin du Génie où la maison apparaît dès 1914 dans l'Indicateur Marseillais, pour une même année et selon que l'on consulte la page par patronyme ou la page par nom de rue,  sous le nom de " Pavillon Saint Louis " ou  «  Pavillon de la fileuse « . Ce dernier nom serait-il celui par lequel les voisins désignaient la maison en raison de la profession de l'occupante ?

  En 1919 Ernestine Garnier  crée avec Joseph Fitsch la «  SA Industrielle Marseillaise « une filature dont le siège est toujours Traverse Olive à la Capelette. Elle est toujours citée au Pavillon de la fileuse en 1922 (Indicateur Marseillais).

Le 16 juin 1926, Marie Jeanne Costa vend, par acte passé chez Maître Deydier notaire, le Pavillon Saint Louis à Marie Madeleine Benoite Conte, veuve Peeters, épouse Dauphin.

De 1940 à 1944 la maison est réquisitionnée par les Allemands.  Le 19 septembre 1944  Jean Rémi Pieri, commerçant qui a créé en 1930 la Bijouterie Piery 17 rue des Beaux Arts (actuelle rue Rodolphe Pollak) à l'angle de la Canebière, achète la propriété à Madame Conte, la renommant Pavillon de la Reine Jeanne. Dans l'acte passé en l'étude  Rousset-Rouvière, la maison est dite " endommagée par les bombardements "

En 1947, le Pavillon de la Reine Jeanne est un restaurant de poissons et fruits de mer réputé dirigé jusqu’aux années 50 par Jeanne Cordier ainsi que l’attestent la carte d’invitation du restaurant et son arrière-petit-fils. (sur Facebook)

 

Carte publicitaire Realisation_du_11-10-23

 

Après la cessation d’activité du restaurant Jean Pieri en fait sa maison familiale.

Décédé en 1972 le Pavillon de la Reine Jeanne revient à sa fille qui en 2020 le cède à Alexis Pentcheff galériste rue Paradis. Les travaux d’importance réalisés afin de restaurer, sécuriser la maison et la transformer en habitation et Galerie d’Art dans le respect de l'édifice originel et des contraintes de la Loi Littoral, sont terminés en 2023 et la galerie a été ouverte au public le 3 octobre 2023.

 

Saint Louis Reine Jeanne Realisation_du_21-09-23 Provenceetmoi

 

Sources pour le Pavillon de la Reine Jeanne : AD 13 Etat civil Recensements Hypothèques TSA - AD83 - AD 07 - Indicateur Marseillais - Presse ancienne - Remerciements à Giulia et Alexis Pentcheff.

 

Les Bains militaires

L’établissement connu sous le nom de Bains militaires aurait été créé en 1846 après qu’au soir du 30 juin une compagnie entière de militaires s’était baignée dans le plus simple appareil sur la plage d’Arenc.

Les bains de mer étaient une nouveauté et la tenue pour la baignade était réglementée par un arrêté municipal : les hommes devaient porter le caleçon, mais ce règlement précisait un périmètre pour la tenue décente et celui-ci s’arrêtait … à la Joliette !

L’émoi fut considérable chez les baigneurs, dans les établissements du bord de mer, dans la presse. Maître Maurande, avocat, rédigea un mémoire au nom de la morale dans lequel il conseillait aux militaires de se baigner, le soir, aux Catalans.

Ainsi donc seraient nés les Bains militaires, mais à Malmousque, pas aux Catalans.

 

Bains militaires avant - maintenant Realisation_du_29-09-22

 

Ils sont actuellement placés sous la responsabilité du Directeur du Cercle-mess de la base de défense Marseille-Aubagne.

 

BM Réglement 1969 Realisation_du_29-09-22

                                           Le réglement de 1969 (Monsieur Légionnaire)

 

           Marie Louise BICAIS Marseille 5 février 2020   

Sources : Archives familiales - Souvenirs familiaux -   Cercle des Officiers Marseille - Dictionnaire des villes, villages et hameaux 1876.

 

Mes petites histoires de Marseille et de Provence
Pages
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 64 230
Derniers commentaires