Barbegal : aqueduc et meunerie

Une chaîne de collines entre vallée du Rhône et vallée de la Durance : les Alpilles. Celles-ci sont cernées par deux aqueducs

Celui du Nord, dit « de Saint Rémy « ou « d’Eygalières « dont l’une des sources est au Mas Crema près de Mollégès, passe ensuite au Nord de Saint Rémy puis s’infléchit vers le Sud à Saint Gabriel (l’ancienne Ernaginum) et reçoit les eaux d’une canalisation venue du Mas d’Auge à Fontvieille.

Celui du Sud connu sous le nom d’aqueduc « des Baux « ou « de Caparon « collectait les sources du versant Sud, notamment celles du vallon d’Entreconque près de Maussane et celle de l’Arcoule sur la commune de Paradou dont les eaux se rejoignaient dans le quartier de la Burlande où fut découvert en 1987 un bassin collecteur.

L’eau continuait à s’écouler le long du versant Sud au pied du Defends de Sousteyran.

Les deux canalisations se rejoignent, sans mêler leurs eaux, au Vallon des arcs au Sud de Fontvieille où elles franchissent la dépression par deux ponts parallèles de 325 mètres de long, les aqueducs de Barbegal composés chacun de 28 grandes arches et 8 petites.

A la sortie du vallon, par un pont disparu au dessus des marais de Barbegal, le conduit Nord venu d’Eygalières fait un coude pour contourner le rocher et suivre le chaînon de La Pêne pour se diriger vers la ville d’Arles qu’il va alimenter en eau.

Le conduit Sud quant à lui va faire l’objet d’une exploitation industrielle. Le rocher a été percé d’une profonde tranchée large de 3 mètres et profonde 5 à 6 mètres : « La peiro troucado « – la pierre trouée, un véritable travail de romains sans nos moyens modernes.

L’aqueduc desservant Arles est daté du 1^er siècle, le second desservant la meunerie daterait, selon l’archéologue Philippe Leveau, de la première moitié du 2è siècle.

Depuis la peiro troucado l’eau va s’écouler en chutes sur un dénivelé de 18 mètres décomposé en 8 biefs, bordés de chaque côté par 8 chambres de meunerie successives avec leurs roues à aubes et leurs meules et, au centre, un escalier monumental. La meunerie s’étendait sur 1.200 m² et pouvait fournir 300 kilos de farine par heure ; selon les archéologues elle a été en activité durant les 1^er et 2è siècles.

Une maquette de cette meunerie est visible au Musée de l’Arles antique.

Une architecture qui paraît simple pour l’aqueduc, bien moins imposant que le Pont du Gard, pourtant contemporain, mais complexe du fait des deux aqueducs parallèles, et une œuvre originale car la meunerie est le seul vestige connu d’une construction industrielle romaine.

Le site, classé Monument Historique, doit beaucoup à l’archéologue provençal Fernand Benoît (1892-1969) qui a mené 3 campagnes de fouilles de 1937 à 1939, dégageant et identifiant la meunerie

Une plaque commémorative lui rend hommage au sommet de la meunerie, au sortir de la « peiro troucado «.

Sources : Travaux du centre Camille Jullian – Mémoire de Fernand Benoît 1938 – Communication de Philippe Leveau 1995 - Musée de l’Arles antique - Le journal des Alpilles