La rue des ports du Sud

C’est une impasse du quartier de Malmousque, en bord de mer à Marseille, une traverse bordée de hauts murs au faîte desquels subsistent parfois des tessons de bouteilles plantés là pour éviter les intrusions, ou bien débordent des plantes luxuriantes.

Les ports du Sud, qu’es acó ?

Il y eut le Lacydon, port antique de Massalia, de nos jours dénommé Vieux Port.

Au XIXe siècle il fallait agrandir le port pour faire face à la croissance du trafic maritime.

Ce fut la création du bassin de la Joliette autorisé en 1844, opérationnel dès 1847, puis du bassin d’Arenc, du bassin National, suivis des bassins de la Pinède, de la Madrague et de Mourepiane, tous au Nord du Vieux port.

Au Sud, n’étaient que des petits ports de pêcheurs mais, dans le même temps, une extension vers le Sud était envisagée, c’est ainsi que :

- Jean Guimet (1747-1809) ingénieur des Ponts et chaussées avait déposé un projet de création d’un «  nouveau port «  dans l’anse des Catalans

- L’ingénieur François Zola présentait en 1836 un projet pour les «  Docks Joinville « 

celui-ci était opposé au projet d’Alexandre Corréard ingénieur des Arts et Métiers

 Ces 2 projets avaient pour inconvénient d’isoler un important secteur de Marseille du reste de la ville.

- En 1856 les ingénieurs civils R. de Curel, Léon Cahier et Jules Corso soumettaient un avant-projet pour le «  Port des Catalans «  s’étendant jusqu’à l’anse du malaisé (Vallon des auffes)

- En 1878 le ministre Freycinet annonçait son programme de travaux parmi lesquels la réalisation de bassins portuaires au Sud de Marseille. C’est alors que fut examiné le projet d’Emile Bernard nouvel ingénieur en chef du service maritime des Ponts et Chaussées, rapidement suivi par les projet du colonel Deshorties en 1877, Restemo en 1880, Brochier et Cannac en 1881, Cravio Duce Guérin et Fleury en 1881, Gustave Sylvestre en 1881 qui imaginait une immense darse sur le tracé de l’actuelle deuxième partie de l’avenue du Prado, Roubaud qui prévoyait le comblement partiel du Vieux port, et à nouveau en 1881 le contre-projet du colonel Deshorties remanié, défendu à l’Assemblé Nationale par Eugène Farcy député de la Seine.

Tous ces projets de ports sud se heurtaient à un obstacle majeur, le relief abrupt immédiatement en bord de mer, empêchant l’implantation d’activités industrielles à l’arrière avec un débouché sur le port, c’est pourquoi la Chambre de commerce de Marseille se montrait résolument hostile aux projets de ports sud et favorable aux projets d'extension des Ports Nord qui furent finalement retenus.

En dépit de ces nombreux projets, Marseille n’aura donc jamais eu de Ports Sud, mais le souvenir en est resté avec la  «  Rue du port Sud «  qui apparaît sous ce nom dans le premier recensement effectué à Malmousque en 1886, et sur la plaque émaillée indiquant maintenant     «  Rue des ports du sud « 

Sources : Plans sur Gallica – Journal Officiel – Délibérations du Conseil Général des Bouches du Rhône – Marseille La formation d’une grande cité moderne par Gaston Rambert – Marseille ville et port par Jean Lucien Bonillo, René Borruey, Jean Denis Espinas, Antoine Picon.

Plan privé du projet Deshorties communiqué par les descendants de la famille Deshorties (Georges Bergoin) et La Butte Bompard.

Marie Louise BICAIS Marseille le 21 janvier 2022