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Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Peron : un restaurant, un hôtel, une institution à Marseille

 

Peron pub Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

Les noms propres n’ont pas d’orthographe dit-on. Les rédacteurs d’actes écrivaient ce qu’ils avaient entendu – ou cru entendre. Ceci a duré jusqu’en 1877 où la création du Livret de famille a fixé également l’orthographe des patronymes.

Cette notion sera essentielle pour raconter la véritable histoire de cette institution marseillaise qu’est le restaurant Peron sur la Corniche.

Le secteur s’est développé suite à l’ouverture du Chemin de la Corniche, les bords de mer sont très courus pour les bains, la pêche, quelques maisons, des chalets-buvettes, des cabanons poussent sur les rochers, avec ou sans autorisation, ceux là porteront des numéros pairs. De l’autre côté de la rue qui s’urbanise, sont construits des immeubles, des maisons particulières, quelques cafés-brasseries-restaurants, ils reçoivent les numéros impairs.

 

Dès 1896 un certain Laurent Cheyron s’installe au numéro 4A chemin de la Corniche. Il est né en 1857 à Villeneuve de Berg (Ardèche), y a travaillé comme cultivateur, s’y est marié en 1883 avec Marie Chabroulin avant d’exercer le métier de voiturier à Trets dans les Bouches du Rhône. C’est après le décès de sa fille que le couple vient s’installer sur la Corniche, ils sont dits «  gargottiers «  sur l’Indicateur Marseillais.

A compter de 1902 les divers documents les situent au numéro 56, c’est le même lieu mais la numérotation a été modifiée. L’établissement ressemble à ce que peint Adolphe Gaussen, ce pourrait même être la construction que l’on voit au second plan.

Gaussen Corniche Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

 

Ils exercent sur la Corniche, toujours au n° 56, jusqu’en 1921 puis quittent Marseille pour Pont de l’Etoile hameau de Roquevaire où Marie Chabroulin décède en 1923.

Cheyron Corniche Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

 

En 1922 Maxime Peron prend la direction de l’établissement.

PERON Corniche Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

 

Il est né le 10 août 1889 à Alger où son père exerce la profession de peintre. Lorsqu’il épouse en 1915 Concetta Scotto di Vettimo il est valet-maître d’hôtel. Le couple quitte l’Algérie et se fixe à Marseille. L’établissement devient le Restaurant Peron mais Maxime a de plus grands projets – entre 1925 et 1931 – il fait édifier l’Hôtel Peron de l’autre côté du Chemin de la Corniche côté impair.

PERON IGN Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

 

Un hôtel dont on peut encore voir la façade et ses ferronneries de style Art-déco, quant à l’intérieur on y retrouve le charme suranné de cette époque dans le décor des chambres et des escaliers. Les décors peints des chambres ont été réalisés dans les années 60 par le peintre André Pierre Constant Bourbiaux qui signait Boul (né le 1er août 1909 à Peuplingues - Pas de Calais - décédé à Montpellier le 10 juillet 1979) décrit comme un dandy extravagant, un baroudeur invétéré : Bretagne, Côte d'Azur, Cordes sur Ciel dans le Tarn,  Marseille - époque où il décore l'hôtel, il finit par s'établir dans l'Hérault. Il est inhumé dans le cimetière d'Agde.

Le 2 avril 1937 Maxime Peron décède au 119 Promenade de la Corniche (l’adresse de l’hôtel) à l’âge de 47 ans.

PERON Hôtel Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

 

Sauveur Bayada né le 2 octobre 1907 à Alger où il se marie le 8 mars 1930, reprendra les deux établissements, hôtel et restaurant, il y est toujours cité en 1942. Celui-ci n’est pas, comme je l’ai lu, le neveu de Madame Peron (Concetta Scotto di Vettimo) mais un collatéral éloigné : neveu du mari (Michel Ange Bayada) de Maria Scotto di Vettimo sœur de Mme Peron.

PERON BAYADA Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

Son gendre M. Estruy prendra la suite. Plus tard, le restaurant et l’hôtel seront dissociés, relevant de sociétés différentes, madame Marie Angèle Estruy née Baïada et Mademoiselle Christine Estruy consentant la location gérance à la Société d'Exploitation de l' Hôtel Peron SARL le 1er juillet 2004.

Par décision en AGE du 20 novembre 2020 la société a fait l'objet d'une dissolution anticipée et d'une mise en  liquidation amiable. Madame Christine Estruy aété nommée comme liquidateur. L'entreprise a été radiée du RCS de Marseille (Registre du Commerce et des Sociétés) le 4 janvier 2022.

Juin 2023, les travaux de rénovation ont débuté  

 

Intéressons nous maintenant au côté impair. Les numéros pairs ou impairs sont importants pour localiser les établissements, les dates sont importantes, l’orthographe sera importante pour différencier Peron du n° 56 de Perron du 69-71.

François Perron (avec 2 R) est né le 2 novembre 1839 à Oulx dans le Piémont italien où son père est négociant. Lorsqu’il épouse en 1874 la Marseillaise Delphine Bonnaud il est représentant de commerce, domicilié 68 rue Vacon puis 4 rue de Rome jusqu’en 1876.

En 1879 il tient un Café-Buvette au n° 6 rue des Récollettes tenu jusque là par son frère Pierre où il reste jusqu’en 1880 quand on le trouve à la rubrique «  Restaurants » à l’extrémité de l’avenue du Prado, près de la plage, l’Indicateur Marseillais mentionne «  Perron François, 2e ligne du Prado, angle de la plage, à droite « .

C’est en 1888 que se crée, sur cet emplacement me semble t-il, le Casino Palace et c’est en 1889 que François Perron s’installe sur la Corniche. Dès lors, son nom figure dans les rubriques de l’Indicateur Marseillais, dans les journaux, dans les recensements à l’adresse 69-71 chemin de la Corniche comme limonadier ou Café.

PERRON Realisation_du_13-04-23 Provenceetmoi

 

Cette adresse fut difficile à localiser car la numérotation des rues change au gré des nouvelles constructions, toutefois j’ai pu la situer avant le dépôt des tramways qui occupait les numéros 83 à 85. Numéros impairs donc pas côté mer !

François Perron décède le 27 décembre 1899 en son domicile 71 chemin de la Corniche il est dit «  restaurateur «  .

Après son décès l’Indicateur Marseillais mentionne «  Perron F. (Vve) Café chemin de la Corniche 69-71 « puis, à compter de 1902 le numéro 69 est occupé par «  Assistance au travail « , le numéro 71 n’est plus mentionné. L’établissement de François Perron n’a donc pas été repris par une activité de restauration.

 

Pour résumer il y a côté pair au 56 : Laurent Cheyron sans aucun lien avec Maxime Peron son successeur, puis Sauveur Bayada et côté impair au 69-71 François Perron uniquement , les deux établissements n’ayant rien à voir l’un avec l’autre, tout comme François Perron exerçant sur la Corniche a compter de 1889 n’a aucun rapport avec Maxime Peron venu à Marseille en 1922. Deux histoires distinctes.

 

Sources : AD13 Etat civil – Recensements – Hypothèques, AD 07 Etat civil, ANOM Etat civil - Indicateur Marseillais, Journaux locaux, Infogreffe, IGN Remonter le temps.

 

Marie Louise BICAIS - Marseille 14 avril 2023

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