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Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Zola, le père

1 Zola père et fils Realisation_du_30-01-21 pour Provenceetmoi

C’est le fils qui a fait gloire du nom mais le parcours du père est intéressant.

Francesco Antonio Giuseppe Maria ZOLA - ingénieur civil architecte topographe ainsi qu’il se définissait - est né à Venise en juillet 1795 (son acte de décès le dit âgé de 51 ans et huit mois). Il est le fils de Carlo ZOLA officier du Génie et Nicoletta BONDIOLI.

Lieutenant à 17 ans ayant étudié à l’école militaire de Pavie, et docteur en mathématiques il abandonne l’armée en 1820 pour devenir ingénieur civil, quitte l’Italie en 1821 et travaille à la construction d’un chemin de fer en Autriche.

Après un passage en Algérie où il sert dans la Légion étrangère, il débarque le 24 janvier 1833 à Marseille où il ouvre un cabinet d’ingénieur.

On sait par une lettre à sa sœur qu’il quitta cette ville vers 1836 pour s’installer à Paris sans gagner un sou et contractant pour 20.000 francs de dettes en tentant de faire approuver son projet de docks et de canal pour le port de Marseille. Favorablement accueilli par la commission chargée de l’étude des projets et les capitaines de marine marchande, celui-ci fut finalement rejeté au terme, dit-on, de plusieurs années d’intrigues, notamment menées par son concurrent et vainqueur l’ingénieur Eugène FLACHAT. On dit aussi qu’il se heurta à des oppositions dues à ses origines et à son absence de diplômes nationaux.

Pour défendre sa conception de transformation du port il écrivait : «  Marseille s’agrandit, son commerce se développe, de nouvelles routes maritimes vont s’établir ; la vapeur en raccourcissant les distances va redoubler nos transactions ; de nouveaux débouchés s’ouvriront à notre industrie ; et nous resterions stationnaires ! Tout s’anime autour de nous et nous resterions impassibles dans l’ancienne ornière ! « 

Mais son projet fut accusé d’être «  le plus hasardé, le plus inutilement gigantesque qui puisse exister au monde «  et de «  porter un préjudice énorme à de nombreux terrains qui seraient enfermé entre le mer et le canal. » (ce qui n’est pas faux ! )

2 Zola projet Marseille Realisation_du_30-01-21 pour Provence et moi

 

En 1838 il tente de convaincre le maire de Marseille et le conseil municipal de la nécessité de distribuer dans la ville et sa banlieue «  des eaux provenant des crues de l’Huveaune «

Le 16 mars 1839 (ou le 29 février 1840) il épouse à Paris Françoise Emilie Aurélie AUBERT fille d’un entrepreneur de peinture. Les époux logent 10 rue Saint Joseph dans l’actuel 2e arrondissement de Paris, vivant dans un aisance très relative et leur fils Emile Edouard Charles naît le 2 avril 1840.

Pourquoi cette incertitude sur la date du mariage ? L’état civil parisien, détruit par un incendie en 1871 a été reconstitué à partir de documents familiaux, d’actes notariés, de relevés des registres paroissiaux et d’état civil ; la reconstitution a été faite sous forme de fiches succinctes et, curieusement, pour ce mariage, on trouve 2 fiches, l’une indiquant 16 mars 1839, l’autre 29 février 1840 (pas d’erreur, c’était bien une année bissextile)  !

3 Zola mariage Realisation_du_30-01-21 pour Provenceetmoi

En 1840, le général BUGEAUD est devenu Gouverneur de l’Algérie et entreprend une lutte contre l’émir Abdelkader, François ZOLA propose alors au Président du Conseil, un plan de défense de l’Algérie, suggère la création d’une Compagne générale de colonisation sur le modèle de celle des Indes.

Dans le même temps il propose un projet de fortification de Paris qui n’est pas retenu par le gouvernement.

Le conseil municipal d’Aix lui ayant offert en 1837 un million pour la construction d’un canal qui débiterait 500 litres d’eau par seconde, il élabore un projet et, le 12 juin 1846, il constitue une société par actions «  Zola et compagnie «  pour l’exécution d’un canal de dérivation des rivières de la Cause et du Bayon en vue de fournir l’eau nécessaire aux besoins des communes d’Aix et du Tholonet et la construction d’un barrage pour retenir les eaux dans le vallon de l’Infernet. L’ordonnance déclarant le projet d’utilité publique arrive seulement le 24 septembre 1846, l’un des motifs de cette lenteur étant l’opposition du marquis de GALLIFET qui utilisait une partie des eaux de la Cause pour irriguer ses terres.

Le barrage sera construit de 1850 à 1854, après la mort de François ZOLA, c’est un barrage voûte fait avec les pierres provenant du site du barrage et des carrières proches. D’une hauteur de 36 mètres il peut contenir jusqu’à 200.000 m³ d’eau ; son exploitation cessera en 1877 en raison de sa capacité insuffisante. Aujourd’hui essentiellement entretenu comme élément patrimonial il peut être utilisé comme régulateur de crues et comme tampon lors des vidanges du barrage de Bimont voisin.

C’est seulement en 1870 que lui sera donné le nom de Barrage Zola.

4 Barrage Zola Realisation_du_30-01-21 pour Provenceetmoi

Le 30 août 1845 la société qu’il avait fondée avec un propriétaire parisien, pour la construction et l’exploitation d’une machine à terrassement, est dissoute, François ZOLA doit rembourser M. DEMANTORT son associé, qui avait financé seul la construction de l’engin.

Il entreprend également des travaux de prospection des eaux souterraines dans le quartier de Célony à Aix.

Pour tous ces projets, pour l’exécution de ses plans, il a besoin d’argent et donc, une fois ses projets acceptés il emprunte, fonde des Sociétés civiles qu’il doit gérer, il doit être à la fois ingénieur, administrateur, financier, ce qui explique la situation catastrophique qu’il laisse lorsqu’il décède d’une pneumonie à Marseille Hôtel de la Méditerranée 4 rue de l’arbre, le 27 mars 1847. L’acte de décès le dit «  domicilié à Aix casuellement à Marseille « 

Ses obsèques sont célébrées en la cathédrale Saint Sauveur d’Aix où il jouissait d’une certaine notoriété, en présence de Monseigneur REY évêque de Saint Denis ; dans son cortège funéraire les coins du poêle sont tenus par le Sous-Préfet, le Maire d’Aix, l’ingénieur d’arrondissement et M. LABOT avocat au Conseil d’Etat qui se trouvait à Aix pour la clôture de l’enquête du «  canal Zola « 

L’inventaire après décès fait apparaître qu’une séparation des biens du couple avait été prononcée le 11 novembre 1846, on ne sait si elle fut demandée d’un commun accord  mais c'était à coup sûr pour éviter à madame ZOLA d’être responsable des dettes de son mari. L’inventaire précise également que le frère de Françoise AUBERT revendique la propriété des meubles présents au domicile aixois des époux 6 rue Silvacane. La succession de François ZOLA se résume donc à quelques effets vestimentaires, quelques armes, des actions en participation de la Compagnie du canal Zola et des dettes.

Emile ZOLA, âgé d’à peine 7 ans au décès de son père, publia 13 ans après, dans La Provence du 17 février 1859 un long poème de 208 vers intitulé «  Le canal Zola «  

Gloire, gloire à cet homme, à cet homme inspiré,
Dont le vaste génie
Fit jaillir l'onde, et dont le ciel s'est emparé
Avant l'œuvre finie !

Gloire à lui, gloire ! - Oh ! comment m'arrêter ?
C'est un saint ministère
Qui m'a dicté les chants que je viens de chanter ;
Cet homme ... était mon père.

Alors, François ZOLA était-il un inventeur génial, un visionnaire, un novateur ou bien un utopiste , un aventurier, certains ont même évoqué son départ du Régiment royal d’artillerie italien dans des circonstances peu claires et des malversations lors de son passage dans la Légion étrangère, lieutenant chargé de l’habillement, à la suite de quoi il démissionna de la Légion, accusations que son fils a toujours réfutées farouchement.

En étudiant sa vie et ses travaux on peut en tous cas conclure que c’était un homme entreprenant, bouillonnant de projets grandioses, combatif, obstiné, mais peu diplomate lorsqu’il s’agissait de défendre ses projets, et pas très bon gestionnaire !

5 Zola décès Realisation_du_31-01-21

Sources : Les cahiers naturalistes - AD 13 – Dossiers et correspondances réunis par Emile Zola en vue de rédiger un plaidoyer pour la mémoire de son père.

http://www.ezola.fr/Documents/BarrageZola/barrage07.html

 Marie Louise BICAIS Marseille 5 février 2021

 

 

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