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Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Endoume

L'un des 111 villages de Marseille, du Vallon des Auffes jusqu'à  l'anse de la Fausse Monnaie  via la célèbre Corniche, et jusqu'à la place Saint Eugène via la montée de La roseraie   

Endoume

A Marseille, quand on envoie promener quelqu'un, on l'envoie à Endoume qui est simplement un quartier de la grande agglomération, construit au début de XIX ème siècle. "Endoume est, comme on sait, une immense agglomération toute récente de maisons bâties sans alignement " dit R. de la Colombière. C'est sans doute cet aspect de modernité étranger qui, à l'époque, a donné mauvaise réputation à Endoume et a été à l'origine de l'expression " vai caga a Endoumo " attestée par La Colombière et représentée aujourd'hui par " envoyer à Endoume "

Ceci est extrait du livre " Anthologie des expressions en Provence " de Jean Claude BOUVIER et Claude MARTEL.

Eh bien mes ancêtres, qui jusque là habitaient le quartier du Panier, sont allés à Endoume après 1850 !

-Plus sérieuse, l'explication d' Adrien Blès dans le dictionnaire historique des rues de Marseille :

A la fin du XVII ème siècle il était question de Doume pour nommer ce quartier. Au sujet de Malmousque , il est mentionné : feu de veille près du port de Doume , d'où En Doume. Le peuple disait " aller à Doume " comme il disait " aller à la campagne ". Les deux mots finirent par n'en faire qu'un " aller à EN Doume " en Français.

- Robert Bouvier, quant à lui, dans " Origine des quartiers de Marseille " nous dit

Le nom vient de celui d'une famille, les Domèzes. Et au XIII ème siècle le lieu s'appelait Port de Domèzes. L'usage lui a fait subir un certain nombre d'avatars. Domèzes s'est ensuite appelé Dome, et Doume.

Et, comme en provençal" à " se dit " en " les gens allaient tout naturellement En Doume.

Ce secteur fut longtemps assez  désert car coupé de la ville (bord de mer en partant du Vieux Port)  par la " montagne " dite Tête de More et la " montagne " des Catalans, l'accès se faisait par le Chemin d'Endoume tracé depuis l'abbaye de Saint Victor jusqu'à la batterie de Malmousque (cadastre 1819 Y7/Y8), c'était  la campagne pour les Marseillais qui y construisaient, selon leur niveau social et l'état de leurs finances, des cabanons ou des bastides, maisons bourgeoises parfois appelées châteaux tels le château Durroure à Samatan.

La construction de la Corniche entre 1848 et 1863, un chemin de terre à ses débuts, la réalisation d'ouvrages d'art pour enjamber le Vallon des Auffes et l'anse de la Fausse monnaie, l'engouement pour les bains de mer (parfois thérapeutiques) dans la seconde moitié du XIXe siècle marqueront l'essor du bord de mer où se construiront d'autres cabanons et, un peu plus en hauteur, quelques demeures somptueuses connues comme " Les folies de la Corniche ". S'installeront également quelques établissements de bains tels que : les Bains des Catalans, le Petit Pavillon, les Bains Isnardon et Garcin, les Bains chauds d'Endoume, les Bains du Roucas blanc.

 

 

Corniche construction

                                                                                                  © Facebook/Vieux Marseille

 

Eloignons nous du bord de mer, Endoume c'est le plateau auquel on accède après avoir monté La roseraie, et ça monte !

C'est un petit village avec son église, sa rue principale, sa place centrale.

* L'église Saint Eugène : ce n'est pas un chef d'œuvre d'architecture religieuse mais c'est elle qui accompagne la vie des habitants, on y est baptisé, on s'y marie, c'est là qu'a lieu la cérémonie des funérailles. Le son de sa cloche ponctue les heures et les cérémonies religieuses, son clocher servait  de repère aux marins et aux pêcheurs.

Elle a été construite en 1842 à l'initiative de Monseigneur Eugène de Mazenod évêque de Marseille. Elle m'est chère parce qu'Endoume était le quartier de mes arrière grands parents ainsi que de leurs frères et sœurs et qu'elle les a donc vus passer, tous, un jour ou un autre.

 

Endoume église

 

* La rue d'Endoume : c'est là qu'ils habitaient, entre l'église et le boulevard Bompard, 14 d'entre eux exerçant le métier de ferblantier, c'est à dire un marchand d'ustensiles ménagers en fer blanc qui est en même temps  un plombier, un zingueur, parfois aussi un électricien.

Ceux de la famille qui n'étaient pas ferblantiers étaient pêcheurs, boulangers ou maçons.

* La place Saint Eugène : anciennement place de la Croix parce qu'une croix y était érigée, qui fût déplacée ensuite devant l'église. C'est la place du village, le lieu de rendez-vous. Naguère, c'est là qu'était installée l'école d'Endoume tenue de 1820 à 1888 par les Frères des écoles chrétiennes. Jean Baptiste Lapierre en fut le premier directeur laïc suite à la Loi de Jules Ferry en 1886, c'est pourquoi elle est souvent encore  appelée " école de Lapierre " et parfois improprement " école de la pierre ".

 

Place saint Eugène 2 jpeg retravaillée

 

* Les îles d' Endoume ; et tout d'abord " le rocher ou ilot des pendus "

Alphone V d'Aragon, en guerre contre Louis III comte de Provence, pour se venger des alliés de Louis, a mis à sac et incendié la ville de Marseille pendant 3 jours, faisant pendre 12 de ses notables sur cet ilot.
C'était entre le 20 et le 23 novembre 1423.

La controverse : certains, dont notre transmission orale familiale, situent l'ilot des pendus devant la calanque de Malmousque, d'autres le placent aux îles d'Endoume, devant l'anse de  Maldormé.

Selon les cartographes, selon les historiens, selon la transmission familiale chez les marseillais, c’est l’un ou l’autre îlot !
Aucun élément probant pour étayer l'une ou l'autre version.

Le lieu ayant été choisi pour que ces pendus soient bien visibles des Marseillais on peut  privilégier Malmousque.

D'un autre côté, si l'on se réfère à la légende disant que les suppliciés ont mal dormi pendant leur dernière nuit, ce qui aurait donné son nom à l'anse de Maldormé, on privilégiera les îles d'Endoume voisines pour être le " rocher des pendus "

Article complet sur  Le rocher des pendus

 

Rocher des pendus 2 Realisation_du_04-03-20 pour Canalblog

                                                                     ©http://archivesplans.marseille.fr

 

Mais aussi " l'île Degaby ", souvent improprement appelée île Gaby.

Au XVIe siècle s'y trouvait une barbacane (fortification) destinée à protéger Marseille.

Louis XIV désirant la renforcer y fit construire un fort achevé en 1703  nommé " fort de Tourville " en hommage à l'amiral décédé en 1701, qui avait combattu les Barbaresques en Méditérranée.

Remanié en 1861, il fut acheté au début du XXe siècle par l'industriel marseillais André Laval qui l'offrit à son épouse, la célèbre artiste de music-hall Liane Degaby, d'où le nom d'île Degaby. Fêtes et réceptions d'y déroulent puis s'espacent, disparaissent avec l'arrivée de la guerre. L'île tombe alors en sommeil.

Rachetée par divers propriétaires depuis les années 1960, dont l'un fit détruire la croix élevée par le couple Laval-Degaby, l'île sert maintenant de cadre à des manifestations de relations publiques et d'évènements privés.

Ile Degaby Realisation_du_04-03-20 pour Canalblog

 

Marie Louise BICAIS Marseille 12 février 2020

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