Le vœu des échevins de Marseille

Le 12 mars 1643, pour conjurer une épidémie de peste, les échevins de Lyon firent vœu d'ériger deux statues à la Vierge, l'une sur le perron de la loge du Change dans le quartier Saint Paul, l'autre sur le pont de Saône, et de monter chaque année le 8 septembre jour de la nativité de la Vierge au sanctuaire de Fourvière pour y célébrer une messe.

Ce vœu inspira t-il celui fait en 1722 à Marseille ?

 En 1720 la peste ravage la ville, apportée par le navire le Grand Saint Antoine, retour des échelles du Levant avec notamment une cargaison de tissus destinée aux foires de la région.

A Marseille 38.000 personnes décèdent de cette «  contagion «  sur une population de 75.000 habitants.

 Les échevins, le clergé se dépensent sans compter pour lutter contre ce fléau et aider leurs concitoyens par des actions et des prières.

Monseigneur de Belsunce, évêque de Marseille, visite sans relâche les paroisses, les communautés religieuses, les maisons particulières et, suivant la vision d'Anne Madeleine de Rémusat, religieuse au monastère de la Visitation dit «  Les Grandes Maries « , à laquelle Jésus a révélé deux ans auparavant qu'un fléau dévasterait Marseille en punition des péchés de ses habitants et qu'il faudrait lui opposer la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, il décide de lui consacrer son diocèse.

Par un mandement du 22 octobre 1720 l' évêque informe les Marseillais de l'établissement de la fête du Sacré Cœur. Le 1er novembre, tête et pieds nus, un cierge à la main et une corde au cou, il prend la tête d'une immense procession, prononce un discours devant la foule assemblée.

Le 20 juin 1721 il renouvelle la dévotion au Sacré Coeur dont la fête est célébrée en grande pompe.

En janvier 1722, peut être suite à un relâchement de la vigilance, on voit surgir de nouveaux cas de peste, en mai le nombre de cas va croissant et Monseigneur de Belsunce écrit aux échevins pour leur demander de faire « au nom de la ville, un vœu capable de désarmer le bras vengeur qui paraît se lever sur nous « . Les magistrats s'empressent d'accéder à cette demande le 28 mai, et le 4 juin le premier échevin Moustier faisant l'offrande d'un cierge de 4 livres prononce ce vœu dans la Cathédrale aujourd'hui désignée sous le vocable de «  La vieille Major «  :

Le 12 juin 1722, jour de la fête du Sacré Cœur les échevins marseillais accomplissent pour la première fois leur vœu en assistant à une messe célébrée par leur évêque au couvent de la Visitation.

Depuis, chaque année, est célébré ce rituel (sous la Révolution ce sera une messe clandestine) ; en 1807 le baron d'Anthoine maire de Marseille reprend la tradition, en 1848 le maire, bien que Protestant y participe.

En 1871 la municipalité décide de ne plus y participer et une commission composée de catholiques s'y substitue. L'année suivante la Chambre de Commerce (l'une des Commissions municipales) sur proposition de son président Amédée Armand, décide qu'il lui incombe de perpétuer ce vœu “avec le concours du Tribunal civil et du Tribunal du Commerce et des délégués des divers corps constitués et corporations qui représentent le commerce, l’industrie et les arts libéraux de la cité” vœu qu'elle continue d'accomplir chaque année, au couvent de la Visitation puis, depuis 1986 dans le basilique du Sacré Cœur édifiée sur l'avenue du Prado, achevée en 1942.

Sources :

Université Aix-Marseille Cinumed

Vitraux : église du Sacré Cœur Marseille

 Marie Louise BICAIS Marseille 21 mai 2020