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Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Philippe de Girard inventeur

 

Girard portrait publicité Realisation_du_13-11-21 pour Provenceetmoi

Nicolas Appert, Louis Lumière, Denis Papin, Rudolf Diesel, les frères Montgolfier, Samuel Morse, Thomas Edison, des inventeurs passés à la postérité, ayant pour certains laissé leur nom à leur invention. D’autres ont été connus, en leur temps, puis sont plus ou moins passés dans l’oubli, Philippe de Girard est de ceux-la.

Il naît le 1er février 1775 à Lourmarin dans le Vaucluse.

Fils de Pierre Henri Joseph Girard bourgeois, d’une famille jadis Grenobloise.

GIRARD baptême Realisation_du_12-11-21 pour Provenceetmoi

 

Baptisé dans la religion catholique il reçoit une éducation austère, certainement l’héritage du passé protestant de la famille ainsi qu’une bonne instruction littéraire, artistique, et scientifique.

Enfant, il construit des roues hydrauliques actionnées par le ruisseau du jardin familial, adolescent il conçoit une turbine utilisant la force des vagues. A 18 ans il invente une machine à tailler les pierres dures. Touche à tout, il s’intéresse aussi bien aux objets de la vie quotidienne qu’aux machines industrielles.

GIRARD maison natale Realisation_du_12-11-21 pour Provenceetmoi

 

Son père l’envoie à Montpellier pour y étudier la médecine mais il s’en détourne après la mort de sa mère et s’inscrit à un cours de sculpture à Marseille.

A la Révolution son père se réfugie en Suisse avec son dernier fils tandis que Philippe, ainsi que ses frères Joseph et Frédéric, ayant participé à l’insurrection fédéraliste de Toulon vaincue en 1793 se réfugient sur un navire espagnol qui les débarque à Port Mahon sur l’île de Minorque.

Pour subsister, faisant appel à sa culture artistique, il réalise et vend quelques portraits et paysages.

Les trois frères embarquent ensuite pour Livourne où leurs connaissances en chimie leur permettent de créer une fabrique de savon utilisant la vapeur comme procédé de fabrication, et le destin de Philippe prend son orientation définitive en s’intéressant aux découvertes et aux entreprises industrielles après leur retour en France.

Il crée une fabrique de produits chimiques à Marseille puis, fuyant de nouveaux désordres politiques, se réfugie à Nice où il obtient la chaire de chimie et histoire naturelle, il est titularisé bien qu’il soit considéré comme un immigré.

Après le coup d’état du 18 brumaire an VIII la famille Girard peut rentrer de son exil et retrouve la plus grande partie de ses biens, Philippe s’installe à Paris pour y poursuivre ses études et ses recherches, en compagnie de son frère Frédéric.

En 1806 il invente une «  lampe hydrostatique « et des globes en verre dépoli considérés comme révolutionnaires dans le domaine de l’éclairage puis présente un nouveau modèle de «  machine à feu «  (machine à vapeur). Plusieurs de ses inventions sont copiées, il est spolié malgré le dépôt de brevets.

Mais c’est surtout à l’invention d’une machine à filer le lin que son nom reste attaché.

L’industrie du coton ne satisfaisant plus aux besoins de la population, le filage à la main étant long et coûteux, il faut étudier une nouvelle production. Philippe Girard répond à une annonce parue dans le journal Le moniteur en mai 1810, offrant «  un prix d’un million de francs à l’inventeur, de quelque nation qu’il puisse être, de la meilleure machine propre à filer le lin «. Il étudie la plante, procède à quelques expériences, mouille les fibres, les étire, les tord jusqu’à obtenir un fil fin et résistant puis crée une machine adaptée pour laquelle il sollicite l’obtention d’un brevet qui lui est accordé le 18 juillet 1810.

 

GIRARD recherche Realisation_du_12-11-21 pour Provenceetmoi


Toutefois la rapidité de sa «  trouvaille «  engendre la suspicion et ne mérite pas le million promis. De nouvelles conditions sont posées, la date de clôture du concours est repoussée. Il reprend son projet et crée, aidé par l’argent de sa famille, deux manufactures à Paris d’où sortent en mai 1812 des échantillons qui sont présentés à l’Empereur.

Mais survient la campagne de Russie dont les conséquences sont désastreuses aussi sur le commerce et Girard se trouve ruiné.

Pour la France menacée d’invasion Girard invente alors une «  mitrailleuse à vapeur « qui ne pourra être fabriquée à temps et en grand nombre. La ruine est confirmée, les créanciers se manifestent et Girard, acceptant les propositions de l’Autriche, installe à Vienne son industrie de filage du lin.

Des machines sont exportées en Bohème, Moravie, Silésie et Saxe. Il améliore le peignage du lin et invente une «  machine à peigner les étoupes « , il perfectionne ses machines à vapeur.

A nouveau ses inventions sont copiées, vendues à l’ Angleterre cette fois par deux de ses associés.

 

Appréciées ailleurs en Europe, ses machines n’emportent pas l’adhésion des experts français il en vient à accepter les offres de la Russie afin de lever ses hypothèques et purger ses dettes.

En 1826 ils est nommé «  ingénieur en chef des mines de Pologne et, dans le même temps il introduit dans ce pays la filature mécanique du lin créant une fabrique à Ruda Guzowska ainsi qu’une fabrique de sucre de betterave.

Il travaille également pour l’observatoire de Varsovie pour lequel il invente un «  météorographe «  qui indique la température mais aussi les variations barométriques et hygrométriques, la quantité de pluie, la direction et la vitesse du vent.

D’autres inventions encore, dans des domaines divers : machine à calculer et à résoudre les équations, machine à tourner le bois des fusils, machine pour extraire le jus de betterave, nouveau modèle de roue hydraulique, amélioration de la sonorité des pianos ...

Spolié de ses inventions il entreprend en 1840 de démontrer qu’il en est l’auteur et, à titre de réparation, la Société d’encouragement pour l’industrie lui décerne une médaille d’or, ce qui n’entraîne pas pour autant l’adhésion de l’administration française.

Il revient en France et, en 1844, l’Exposition de l’industrie où sont présentées plusieurs de ses inventions sera sa réhabilitation, il est reconnu que «  la filature mécanique du lin est due à l’initiative de Philippe de Girard « mais le détenteur d’une ancienne créance de 1814 profite de ce renom pour faire saisir toutes ses machines et Girard doit se cacher pour échapper à la contrainte par corps.

Le million du concours ne lui sera pas rendu, on lui refusera une pension, par trois fois le Ministre du commerce lui refusera la Légion d’Honneur. Il s’éteindra le 28 août 1845 chez une de ses nièces et sera inhumé au cimetière du Père Lachaise. En mai 1847 son corps sera transféré à Lourmarin suivant sa volonté.

 

Reconnaissance posthume :

- Arago écrit «  La France vient de faire une perte immense ! C’est un maréchal de l’industrie qui est mort sur la brèche « 

- Frédéric Mistral, poète provençal et prix Nobel, le décrit dans l’Armana Prouvençau comme « un homme né avec une étoile sur le front » et affirma qu’il faisait partie de ceux qui « éclairent le reste de leurs frères cheminant derrière eux ».

- En 1853 Napoléon III reconnaît la dette de son oncle envers lui et octroie à la famille une rente annuelle de 6.000 francs. Une plaque est apposée sur la vieille Bourse de Lille.

Philippe de Girard Bourse de Lille Realisation_du_13-11-21 pur Provenceetmoi

 

- Le 7 mai 1882 est inauguré un monument en son honneur devant la gare d’Avignon

Girard Avignon Realisation_du_12-11-21 pour Provenceetmoi

 

- Le 14 avril 1890 le Conseil Général du Vaucluse décide l’apposition d’une plaque commémorative sur sa maison natale à Lourmarin

Girard plaque Realisation_du_12-11-21 pour Provenceetmoi

 

- En 1900 la Chambre de commerce de Lille frappe une médaille à son effigie, il y est représenté âgé, assis devant la frontière française comme l'indique le panneau du second-plan. En arrière-plan les cheminées d’une usine textile.

Girard Lille Realisation_du_12-11-21 pour Provenceetmoi

 

- En 1946 la BNF fait l’acquisition une plaquette allégorique réalisée à sa mémoire par le sculpteur Louis Eugène Mouchon (1843-1914). Elle représente Philippe de Girard tiré de son tombeau par la Renommée.

Girard plaquette BNF Realisation_du_13-11-21 pour Provenceetmoi

En Pologne, Les habitants de Ruda Guzowska qui devait son expansion à la filature du lin décident de donner à leur ville le nom de Philippe de Girard, elle s’appelle désormais Zyrardów. C’est là que, le 25 novembre 2016, est inaugurée sa statue en présence de l’ambassadeur de France.

https://pl.ambafrance.org/Inauguration-de-la-statue-de-Philippe-de-Girard-a-Zyrardow

 

Girard Zyrardow Realisation_du_12-11-21 pour Provenceetmoi

 

Sources : Philippe de Girard par Mme Gustave Demoulin – Ambassade de France – Site de la ville de Zyrardów

Marie Louise BICAIS Marseille 12 novembre 2021

 

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