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Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Cordiers et corderies en Provence

Cordiers et corderies 1 Realisation_du_13-01-21 pour Provenceetmoi

 

LES CORDIERS

Un très ancien métier que celui de cordier puisqu’on trouve des traces de leur corporation dès 1394.

 

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Rencontré sur tous les bords de mer puisque les cordages sont utilisés par les marins et les pêcheurs. On trouvait également des cordiers en campagne car les agriculteurs utilisaient des cordages pour le bétail, pour délimiter leurs terres et pour lier les bottes de foin.

La corde est fabriquée à partir du chanvre qui va passer par différentes opérations de séchage, rouissage (macération pour séparer les fibres), broyage pour broyer les parties non fibreuses, teillage avec de gros peignes pour débarrasser les dernières impuretés, cardage pour demêler, filage par torsion des filaments de chanvre – le cordier enroule le chanvre peigné autour de sa taille, ensuite le fil est tordu à l’aide d’un rouet, puis il est poli et stocké sur des dévidoirs, puis déroulé dans de grands ateliers ou à l’exterieur, enfin les fils sont réunis par torsion.

A Marseille les cordiers sont tout d'abord installés dans la ville basse, au bord du Lacydon, où ils côtoient les autres métiers dédiés à la marine.

 

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Au XIXe siècle ils sont nombreux et ont étendu leur implantation, on en trouve chemin de Rome et sur l’ancienne route de Cassis, le cœur de la ville actuelle, plusieurs encore se sont installés sur la rive neuve du port, se rapprochant des nouveaux chantiers navals. Plusieurs exercent leur activité Place de la corderie où ils peuvent opérer sans payer de redevance, cet avantage est supprimé en 1804 par la création de droits d’emplacement, décision annulée 2 ans plus tard sur réclamation des cordiers.

Les principaux sont répertoriés dans l’Indicateur marseillais de 1855 parmi lesquels je ne suis pas surprise de voir figurer Claude, Gabriel et Jacques Chabert appartenant à l’une de mes familles qui compte 4 générations de Chabert cordiers sur environ un siècle.

 

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Au début du XXe siècle, les cordiers sont si représentatifs de Marseille, que des cartes postales les représentent sur le parvis de la Cathédrale et l'esplanade de la Tourette, voisins du nouveau port de la Joliette, où ils trouvaient l’espace nécessaire pour dérouler leurs cordages.

 

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LES AUFFIERS

Le chanvre n’était pas le seul matériau utilisé pour les cordages, on se servait également de l’alfa, plante herbacée des rivages méditerranéens. Cette technique a généré une corps de métier distinct, celui des des auffiers. Les voici installés à Marseille

Ils ne traitaient pas la même matière première. Mais leur travail avait avec celui des corcdiers en chanvre de multiples points de ressemblance : de nombreux objets se faisaient indifféremment en auffe ou en chanvre, notamment les cordages, les bâts, les couffes, les cabas, etc.

Mais bientôt les cordiers d'auffes se rapprochaient dès nouveaux remparts et s'installaient, avec l'autorisation des échevins, le long des lices intérieures depuis la porte de Noailles jusqu'à celle de Bernard-du-Bois. C'était encore le quartier des Auffiers lorsque la Révolution décida, à la fin de 1792, la vente et la démolition des remparts de la ville. Il est probable qu'alors les cordiers d'auffes rejoignirent les cordiers de chanvre installés depuis plus d'un siècle sur les terrains dits de la Corderie, au-dessus du quartier de . Rive-Neuve. Quant aux boutiquiers, ils se répandirent à travers la ville….

Auffiers blason 1696

Leur souvenir perdure au cœur de Marseille dans le quartier du Vallon des auffes et son petit port qui était utilisé par les maîtres-auffiers pour le trempage des tiges d'auffes

 

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" Quoi que ce soient les cordiers, auffiers et peigneurs de chanvre qui travaillent les cordages des bâtiments de mer, ce ne sont pas. pourtant eux qui tiennent les corderies, ce sont les marchands et négociants les plus riches, car, comme il se consomme à Marseille des cordages et gumes 28 pour des millions, qu'il faut envoyer chercher les matières de chanvre et d'auffe dans les pays étrangers et avoir des fonds immenses pour cela, et que pour travailler les cordages et gumes des vaisseaux, il faut un grand nombre d'ouvriers que chaque maître ne saurait tenir, ce sont les marchands et négociants les plus riches de la place qui tiennent Les corderies et qui envoient chercher dans les pays étrangers les matières, occupent ensuite des quantités d'ouvriers pour faire travailler les chanvres, les auffes, et faire faire les cordages et gumes qu'ils mettent ensuite en magasin ou dans leurs manufactures pour les vendre...

Les ateliers se muèrent en fabrique, et, quarante ans après la Révolution, la Statistique de Villeneuve * pouvait écrire que la sparterie faisait marcher à Marseille 18 fabriques et occupait de deux à trois mille personnes ». Jean Reynaud – Les auffiers de Marseille

 * Christophe de Villeneuve-Bargemon : Statistique du département des Bouches du Rhône avec atlas. Dédiée au Roi. Publiée d’après le vœu du Conseil général du Département.

 

LES CORDERIES

Peu à peu l’activité activité manufacturière se précise et les cordiers travailléent dans des corderies qui, quelle que soit l’époque de leur construction ont un point commun: ce sont des établisements - bâtiments ou terrains - d’ une très grande longueur car il faut pouvoir étirer des cordes de plus de 300 mètres parfois.

Voici quelques corderies provençales.

 

Villefranche sur mer

La corderie fut créée en 1771 sur le port qui avait été aménagé après 1553 et la récupération du comté de Nice par Emmanuel Philibert de Savoie.

Elle fait partie d’un ensemble de constructions comprenant une darse pour les galères, un bassin de carénage, un lazaret, un hôpital pour la chiourme des galères, un quartier militaire et des magasins.

Elle comportait à l’origine un rez de chaussée puis a été surélevée d’un étage.

Ses bâtiments sont occupés depuis 1930 par le CNRS

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Toulon

La construction de la corderie, située au sein de l’arsenal de Toulon fut décidée en 1666 par Colbert.

Après une visite de Vauban en 1679, l’arsenal fut agrandi, la corderie fut surélevée, et se présentait comme un bâtiment d’un grand classicisme avec de belles rangées d’arcades.

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Avec la disparition de la marine à voile, la corderie perdit de son activité, elle fut maintes fois transformée, subit deux importants incendies, fut partiellement reconstruite, devint un bâtiment administratif abritant le Musée de la marine, l’Ecole de maistrance et maintenant le SHD Service Historique de la Défense.

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Marseille

Il y avait bien entendu la corderie de l’arsenal des galères, qui cesse son activité en 1781 avec le transfert du bagne à Toulon.

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Les cordiers commencent à exercer comme ouvriers dans les corderies qui s’installent sur des terrains au dessus du quai de Rive neuve, dont une déjà dénommée « ancienne corderie « en 1824 au dessus de l’abbaye de Saint Victor, au tout début de la rue d’Endoume entre les actuels boulevard Tellène et Rue Marignan ; on y accède par la voie appelée simplement La corderie, devenue plus tard Boulevard de la Corderie.

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Deux corderies se sont établies un peu plus haut encore sur la butte Bompard

Celle de Bertrand Bec (1851-1924) qui a racheté une propriété au lieu dit " La gavelière " appartenant à Marius Thomas (1829-1904) fabriquant de cordages

Et au début des années 1900 la Corderie ouvrière Difusco-Fassioto et Fangelli qui a son entrée au 78 boulevard Bompard et s’étend dans une allée jusqu’à l’actuelle rue René Seyssaud

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                                                   Crédit photo : famille Difusco et la Butte Bompard

 

Sources : Dossiers inventaires maregionsud – Musée ciotaden – Musée de la Marine Toulon – Ministère de la Culture - Jean REYNAUD Les auffiers de Marseille

 

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 Marie Louise BICAIS - Marseille 15 janvier 2021

 

 

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