L'abbaye du Thoronet

La plus ancienne. En 1136 quelques moines quittent l’abbaye de Mazan, en Ardèche, pour venir s’installer dans l’arrière pays varois entre Flayosc et Tourtour sur une terre dont la donation est confirmée par Raymond Bérenger comte de Provence, c’est le monastère Sainte Marie de Floriège. Onze ans plus tard ils reçoivent en donation les terres de Seguemagne sur la commune du Thoronet, c’est une forêt de chênes traversée par la rivière Argens, qu’ils vont défricher avant d’y fonder une nouvelle abbaye.

Le transfert du siège abbatial de Floriège au Thoronet a lieu aux alentours de 1157, l’église est achevée vers 1175.

Sur les terres de l’abbaye, la règle de Citeaux interdisant de posséder un domaine seigneurial et d’en tirer profit, les activités pastorales et agricoles ne sont pas sont exercées par les moines mais par les frères convers (qui n’ont pas prononcé de vœux) et les paysans de la «  familia « .

Toutefois, entre 1147 et 1222 et malgré l’interdiction d’achat de biens immobiliers, le patrimoine foncier de l’abbaye ne cesse de grandir : 22 donations foncières, 4 acquisitions, prise en accensement de 2 chapelles du monastère de Correns, achat de la seigneurie d’ Envessenes adjacente à Seguemagne, achat d’ une partie de la seigneurie de la Roquette sur le territoire de Cabasse.

L’abbaye recherche également des extensions hors de son territoire, pâturages et terres agricoles, activités maritimes telles que salins et pêcheries. Ses possessions s’étendent de l’étang de Berre jusqu’à l’embouchure de l’Argens.

Tout ceci est géré de façon moderne jusqu’au milieu du XIVe siècle : un chapitre, un conseil d’administration, un abbé, un directeur général élu et secondé par quelques moines dirigeant les frères convers qui encadrent les paysans.

Cette expansion ne va pas sans provoquer des conflits notamment avec les moines de l’abbaye de saint Victor à Marseille et les religieuses de l’abbaye de La Celle.

Au début du XIVe siècle le rayonnement de l’abbaye était à son apogée, à la fin du siècle le déclin était amorcé : disette, morbidité, mortalité, épidémie de peste, paysans se déplaçant vers les bourgs, brigandage, dégradation spirituelle et temporelle.

L’abbaye faillit disparaître, frappée par la règle d’inaliénation des biens fonciers conventuels, règle qui fut adoucie seulement en 1517 par le Pape.

D’une vingtaine de moines - auxquels s'ajoutaient  les frères convers - au temps de sa splendeur, il ne restait plus en 1790 que sept moines âgés  dans une abbaye mal entretenue.

En 1854 l’État rachète le Thoronet, puis Mérimée la classe à l’inventaire des Monuments Historiques, en confie la restauration à Revoil architecte des Monuments Historiques en 1873, restauration qui sera poursuivie par Formigé.

L’abbaye est sauvée, elle est aujourd’hui un haut lieu touristique et culturel.

 Marie Louise BICAIS   Marseille  7 août 2020