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Mes petites histoires de Marseille et de Provence

Sanatorium Jean Martin sur la Corniche

 

1 terrasse Realisation_du_01-01-24 Provenceetmoi

 

Jean Martin, un homme aux multiples casquettes « : Négociant en cuirs et peaux - Juge au Tribunal de commerce - Administrateur des hospices de Marseille - Administrateur de l'œuvre de Saint Jean de Dieu - Administrateur de la Caisse d'épargne «  également un bienfaiteur, mais un bienfaiteur dont l’action a rencontré une certaine opposition, voici ses origines et son histoire

 

C’est à Abriès, village de montagne dans le Queyras que vivent Chaffrey Martin qui exerce le métier de voiturier et son épouse Anne Richard, les grands-parents de Jean Martin.

Mariés le 27 mai 1784 dans l’église d’Abriès en présence de «  leurs parents et amis «  selon la formule habituelle ils ont eu sept enfants, deux des filles épousent des cultivateurs et restent à Abriès tout comme François qui est marchand. Chaffrey décède en 1805 à l’âge de 49 ans.

Mais ce village, plus que d’autres peut être, connaîtra un exode rural massif, de plus de 2.000 habitants en 1806 la population est passée à 200 en 1962.

Trois autres garçons de Chaffrey et Anne seront parmi ces migrants

- Pierre va s’installer comme tailleur de pierre dans le Var à La Garde près de Toulon où il se marie en 1823.

- Joseph débute comme «  propriétaire cultivateur «  à Abriès, il y épouse Magdeleine Audier en 1809 avant de partir pour Marseille où naît sa seconde fille en 1823. Il est devenu marchand de fromage rue Longue des capucins.

Le couple aura trois filles dont Virginie Magdeleine qui épousera Jean Pierre Arnaud, restaurateur, en 1845.

- Jean (que je nommerai Jean le père), qui a épousé Magdeleine Avieny Philipon en 1823 a également été «  propriétaire cultivateur « à Abriès où sont nés ses deux premiers enfants, mais on sait qu’en 1827 il est établi à Marseille rue Bonneterie, marchand de fromage comme son frère Joseph. Il fait évoluer son commerce que l’on trouve en 1852, toujours rue Bonneterie sous la rubrique «  Fromages et cuirs « et pour finir comme Marchand de cuirs 4 rue du Lycée

A Marseille, dans l’entourage des deux frères on trouve essentiellement des commerçants, des entrepreneurs dans le domaine alimentaire et des restaurateurs, la plupart originaires de la même région que les Martin.

Jean le père et Magdeleine ont eu 11 enfants dont 5 sont décédés en bas âge.

 

Deux de leurs garçons François Jean né le 17 juillet à Marseille 1827 et Jean Pierre dit Jean le 19 mai 1835 à Marseille, succèdent à leur père en 1861 comme «  négociants en cuirs «  jusqu’en 1868 rue du Lycée/rue du Théâtre français , puis 6 Boulevard Dugommier - avec un entrepôt 6 rue Mazagran - jusqu’en 1880, enfin 9 allées de Meilhan.

François Jean et Jean Pierre, restés célibataires sont toujours recensés ensemble avec leurs domestiques, leurs adresses personnelles et professionnelles sont les mêmes. C’est aux allées de Meilhan que décède François le 3 août 1893, il était âgé de 66 ans.

Dès lors Jean gère seul le négoce des cuirs – son frère l’a désigné comme son héritier et légataire universel dans un testament olographe en date du 16 novembre 1892 enregistré chez Maître Raynaud notaire- tout en exerçant dans le même temps la fonction de Juge au Tribunal de commerce.

Il fait l’acquisition d’un vaste terrain sur la Corniche à Marseille à proximité du pont de la Fausse monnaie, prévoyant d’y créer, à ses frais et sur une idée du docteur Heckel Professeur à l’ Académie des sciences de Marseille, un sanatorium pour «  enfants scrofuleux « 

2 Jean Martin Realisation_du_01-01-24 Provenceetmoi

 

Le projet, approuvé par délibération du Conseil municipal, est néanmoins contesté par certains propriétaires aisés du secteur.

Un article paru dans le quotidien Le Petit Marseillais du 26 août 1900 s’en fait l’écho.

Rien de nouveau sous le soleil, on croit lire l’une des pétitions actuelles s’opposant à tout nouveau projet immobilier. On y retrouve

- les voisins craignant les nuisances «  jet de poussières infectieuses et de microbes contaminant l’atmosphère ambiante « 

- peur d’une maladie contagieuse : la tuberculose, d’où l’argument de l’hygiène publique

- on approuve ce projet charitable mais qu’on le fasse ailleurs. «  N’est-il pas facile de trouver un autre point de bord de mer qui soit en pleine campagne ! «  (Sic)

- l’intérêt général : la fréquentation de la Corniche et de la mer par les Marseillais de toutes conditions sociales

- la dévalorisation du quartier.

 

3 article Realisation_du_01-01-24 Provenceetmoi

 

Jean Martin obtient un droit de réponse qui paraît le 2 septembre

 

4 réponse Realisation_du_01-01-24 Provenceetmoi

 

En dépit de cette opposition le projet aboutira, le sanatorium hélio-marin ouvre en 1903, la direction en est confiée à Sophie Joséphine Virginie Arnaud cousine issue de germain de Jean Martin (fille de Virginie Madeleine Martin sa cousine germaine), pas nièce de Jean Martin comme  écrit dans de nombreuses publications dont la presse locale de l'époque.

Parenté Jean & Virginie

Madame Arnaud décède en juillet 1935

ARNAUD Sophie Joséphine Virginie 1935 décès Realisation_du_29-01-24 Provenceetmoi

 

Sur ce tableau d’Etienne Martin 1856-1945 (aucune parenté)  on voit sur la droite une partie du sanatorium

 

5 tableau Etienne Martin Realisation_du_01-01-24 Provenceetmoi

 

Il abrite 32 enfants, garçons et filles, dont l’âge limite est fixé à 14 ans qui y reçoivent des soins dont des bains de mer chauds – l’eau de mer retenue dans des bassins fermés est chauffée à 34 degrés, pratiquent la gymnastique et peuvent profiter d’une immense terrasse. Ils reçoivent également un enseignement du niveau de l’école primaire.

 

7 chambre Realisation_du_01-01-24 Provenceetmoi

 

 

Décédé le 5 juin 1917, célibataire et sans descendance Jean Martin a fait de sa petite cousine Virginie Martin - déjà directrice du sanatorium, - sa légataire universelle. Elle en fait don en 1920 aux Hospices civils de la ville de Marseille tout en conservant la direction, ceux-ci transformeront le Centre de soins en Centre de formation permanent du personnel en 1978.

En octobre 1931 Virginie Martin  – dite Fondatrice-directrice du sanatorium Jean Martin - est nommée Chevalier de la Légion d’Honneur au titre du Ministère de la santé publique.

 

6 buste Realisation_du_01-01-24 Provenceetmoi

 

Sources : AD13 : Registres d’état civil, Enregistrement, Recensements, Hypothèques - Le Petit Marseillais – Rapport du 1er Congrès français de climatologie et d’hygiène urbaine en 1904 – Musée Regards de Provence

 

Marie Louise BICAIS - Marseille le 1er janvier 2024

 

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